Tim McCord, bassiste d’exception de la formation, se confie sur une nouvelle ère d’anthologie !
• Les dessous du nouvel album ! ⇒ À l’occasion de la sortie de « The Bitter Truth », le quatrième et nouvel album d’Evanescence, emmené par les titres « Wasted On You », « Use My Voice » ou encore « Better Without You », nous nous entretenions dernièrement avec Tim McCord, le bassiste du groupe. Le temps de notre interview, nous sommes revenus sur la conception du disque, mais surtout sur sa thématique globale, et sur ce qui découle principalement de l’expérience d’écoute à son sens. Aussi, nous avons parlé de son implication durant la conception du projet, sur la manière dont il perçoit cette initiative, et bien plus encore !
Live Actu : C’est un véritable honneur de t’avoir aujourd’hui en interview car Evanescence est un groupe avec lequel j’ai grandi, et avec lequel je grandis encore ! Et quel plaisir de vous voir tous enfin de retour avec un quatrième et nouvel album qu’est « The Bitter Truth », du moins quatrième si l’on considère « Synthesis » comme une simple compilation !
Tim McCord : Oui, ce projet nous le voyons bien plus comme une compilation. Je ne pense pas que l’on puisse le compter comme un album à part entière même si effectivement nous avons retravaillé de manière originale d’anciennes chansons. En ce qui me concerne, je tends à penser que « The Bitter Truth » est bel et bien le quatrième album du groupe.
Live Actu : Alors ce nouvel album qu’est « The Bitter Truth », quand avez-vous tous commencé à l’écrire ?
Tim McCord : Nous avons commencé à le travailler en 2019. Nous nous sommes retrouvés trois ou quatre fois, quelque chose comme ça, à chaque fois pendant une semaine… Juste pour écrire le maximum de chansons possible ! Ensuite, même si nous avions quelques trucs en stock, chacun s’est mis à écrire de son côté. Grâce à internet, nous avons pu mettre en commun tout ça, nous envoyer ce sur quoi nous avions travaillé, apporter nos retouches… Puis nous sommes partis enregistrer le disque dès le mois de juillet dernier, et nous en avons profité par la même occasion pour boucler ce que nous n’avions pas nécessairement eu le temps de finir. Aussi, en parallèle, nous avons pu écrire de nouvelles chansons pendant que nous étions en studio, dès la phase de préproduction. Du coup, on peut dire que l’album, on a commencé à l’écrire en 2019, et qu’on l’a terminé en même temps qu’on l’enregistrait !
Live Actu : À quel moment précisément vous êtes-vous tous dit que c’était le moment idéal de vous atteler à cette nouvelle ère, près de dix ans après votre dernier véritable projet ?
Tim McCord : Honnêtement je n’en sais trop rien… Parce qu’on a fait « Synthesis », puis la tournée, et quand tout ça s’est terminé, je suis sûr qu’on n’avait qu’une seule envie, tous ensemble, c’était de faire du rock ! Donc nous nous sommes donnés rendez-vous, tous ensemble, et nous avons simplement fait des chansons rock. Je dirais peut-être que cette décision a été prise collectivement après l’arrêt de la tournée Synthesis donc !
Live Actu : Ce que tu as évoqué, le fait de vouloir refaire du rock, c’est quelque chose à laquelle je me suis clairement raccroché à l’écoute de « The Bitter Truth ». L’album m’a justement ramené à « Fallen » et à « The Open Door » d’une certaine manière. Ce nouvel essai, il sonne bien plus rock que jamais, j’ai eu l’impression d’assister à une véritable renaissance. Il y a un réel effort dans l’association de l’énergie pleinement rock avec une thématique générale qui tende à révéler ce qui peut déranger. Dans le sens où nous avons un certain engagement avec la réalité, avec la vérité. Le fait qu’elle soit difficile à recevoir fait que bien souvent nous ne l’acceptons pas… Finalement, le fait de poser des mots sur cette bitter truth* (*vérité amère), de la dire, cela apporte un certain sentiment de liberté à l’issue de l’écoute de l’album. Comment définirais-tu ce processus de ton côté ?
Tim McCord : Je pense que cet album est libre à toute interprétation. Pour moi, cette bitter truth ne se limite pas à ce qui peut se passer autour de nous en fait. Surtout quand tu vois la pandémie, la politique internationale ou locale, peu importe… Il s’agit plutôt de qui tu es en tant que personne ! Certains thèmes dans l’album confrontent le fait de laisser tomber les préjugés et de plutôt préférer grandir, sortir de sa coquille. Aussi, il s’agit de te confronter à tes peurs, aux choses que tu as longtemps cru vraies dans ta vie et que tu verrais autrement finalement si tu regardais le monde d’un autre angle, que tu observais une tout autre réalité et que tu que tu te raccrochais à de nouvelles vérités ou croyances que tu n’avais pas encore explorées jusqu’à présent. Essentiellement il s’agit de cette lutte : se réveiller, grandir, sortir de sa coquille, apprendre à mieux te connaître, à mieux connaître le monde, à devenir mentalement et émotionnellement mature. En ce qui me concerne par contre, ce que je ressens, c’est que cet album m’équipe au mieux pour grandir personnellement, et essayer d’ouvrir ne serait-ce qu’un peu les yeux au monde par rapport à certaines choses.
Live Actu : Et c’est vrai que finalement, tout commence par le fait de se confronter soi-même à ses propres complexes, à ses propres paradoxes. Une fois que tu as réussi cet exercice, c’est bien plus facile peut-être de mener tes combats personnels, de tenir bon et de davantage asseoir tes convictions j’imagine ? Et du coup, comment définirais-tu cette bitter truth, celle à laquelle tu te confrontes, qui t’émancipe et te permet finalement de te construire, de devenir la meilleure version de toi-même ?
Tim McCord : Absolument ! Je crois que c’est même le noyau central de l’album ! La bitter truth… je dirais que tu peux vouloir l’ignorer, tu peux vouloir t’en échapper, mais elle est là. Et ça, c’est vrai ! Et ça, c’est amer ! Mais tu dois la capter, la comprendre, l’accepter. Auquel cas tu pourrais laisser tes propres démons te consumer… D’une certaine manière, c’est un combat, une lutte pour surmonter les difficultés, pour te comprendre toi-même et grandir. Mon combat ne sera pas le même que celui de mon voisin. Il y a des milliers de possibilités, qu’importent tes démons ou les monstres dans ton placard, tes croyances vis-à-vis de ce monde. Car nous sommes tous différents, chacun emprunte son propre chemin, et ce chemin, il s’agit de te le forger, et trouver le juste moyen pour sortir de l’obscurité !
Live Actu : Quant à l’approche de ce disque en groupe, étant donné que vous avez chacun votre expérience de la vie, comment avez-vous su matérialiser cela selon un seul et même point de vue ?
Tim McCord : Franchement, pour moi, ça m’a semblé facile. Faire de la musique avec les autres ouvre une porte vers l’empathie et ça a du sens ! Lorsque nous sommes tous ensemble dans une même pièce, créer ne laisse que peu de place aux pensées mais plutôt aux mots, à notre manière de communiquer ensemble. Tout n’est que feeling et humeur. Si je me mets à jouer une ligne de basse, Will [Hunt] va par exemple la ressentir et s’en inspirer, et vice versa si lui vient à jouer une boucle à la batterie. Nous n’avons pas nécessairement besoin de parler, il y a cette singularité qui nous permet de créer ensemble ainsi. Pour moi, c’est génial, c’est le plus excitant, que nous soyons tous sur la même longueur d’onde et que nous puissions composer quelque chose de beau, de sombre ou de lourd sans même en discuter.
Live Actu : Y aurait-il eu des thèmes que tu n’aurais jamais explorés si tu n’évoluais pas avec Evanescence par exemple ? Aurait-ce été différent si tu travaillais avec un autre groupe ?
Tim McCord : Oh oui bien sûr ! Quand je fais de la musique pour moi, j’enregistre tout le temps d’ailleurs, je raconte ma propre histoire à 100% ! Faire de la musique avec Evanescence, c’est laisser place à l’histoire d’Amy, à ses mots. Mais ce sont les émotions de chacun qui sont mises en commun grâce à nos contributions artistiques respectives. Peu importe ce qui se passe au sein du groupe, tu vas pouvoir le ressentir dès que nous avons fini d’enregistrer. Sans les gars, sans Amy et sans Jen [Majura] autour, la petite partie de mon histoire que je raconte n’aurait pu exister en musique ! Ça n’aurait pas été pareil !
Live Actu : Si je te pose cette question, c’est parce qu’à l’écoute de « The Bitter Truth », j’ai ressenti cette forte cohésion entre tous, dans la manière dont le disque est produit, tandis qu’Amy apporte un souffle fédérateur, une véritable atmosphère. Quoiqu’elle mette en lumière, je peux m’identifier à certains points et comprendre la traduction d’une histoire commune finalement dans la création de cet album.
Tim McCord : Oui, absolument ! Comme je l’ai dit plus tôt, il s’agit de mener ses propres combats, et Amy a vraiment voulu écrire dans cette dynamique. C’est un thème récurrent auquel quiconque peut s’identifier parce que tout le monde a besoin de chansons aussi thérapeutiques quelque part pour vaincre ses ténèbres. Je pense que les gens peuvent se sentir plus empathiques à la fin de l’écoute de l’album. Genre « oui, moi aussi j’ai vécu ça » ou « je ne vis pas nécessairement ce dont elle parle mais elle illumine ceux qui vont avoir besoin de recevoir ses chansons pour aller mieux et ça a du sens pour moi ». Il y a plein de choses à en retirer finalement de cet album !
Live Actu : Merci beaucoup pour toutes ses réponses Tim ! Encore une fois, c’était un vrai plaisir de t’avoir en interview !
Tim McCord : Merci à toi de m’avoir reçu ! À bientôt !