• Présentation ⇒ Chilla c’est cette jeune parisienne de 23 ans, originaire de Lyon qui s’est lancée comme défi de vivre de son art. Elle s’est lancée dans le rap et tente de survivre à travers ce domaine musicale que l’on pourrait que l’ont pourrait croire masculin. Elle est venue casser les codes et faire régner sa musique en maître sur les ondes.
10 titres composent l’EP « Karma » dont nous vous donnons notre avis ci-dessous.
• Une carte de visite prometteuse ⇒ Ce qu’il faut retenir de ce premier EP, c’est une sélection finement étudiée des morceaux y résidant. En effet, loin des standards radiophoniques, Chilla en signe pour autant un véritable petit bijou plein de maturité et d’éclectisme.
Mêlant son rap incisif et criant de vérité à des prods des plus vastes estampillés par les mélodies de la pop urbaine, elle apporte une touche de fraîcheur sur la planète rap française en se démarquant par ce qui s’apparente être le reflet d’une société désinvolte vue par une jeune demoiselle de 23 ans. Souvent mélancolique et conjugué à une note d’espoir, elle relate de son expérience et de ses observations à travers une humeur de battante qui a pour objectif de soulever les interrogations les plus déconcertantes en parfaite harmonie avec un apport de réponses éclatantes d’authenticité. Le résultat laisse sans voix et amène à une réécoute pour ne louper aucune bribe de point de vue qu’elle nous y apporte !
• Un EP généreux ! ⇒ A un mois des fêtes de Noël, nous pouvons dire que Chilla a été bien généreuse. Si les artistes nous habituent à des EP en moyenne contenants 5 morceaux, on ne peut que dire que Chilla remplit notre soif d’en écouter plus.
En effet, dix titres c’est assez conséquent. Si, aux premiers abords il est difficile de découvrir un artiste avec autant de titres pour un premier projet, consommation de la musique plus rapide oblige en cette génération, Chilla signe un cocktail de saveurs musicales intuitif et fait de « Karma » un mini-album qui se laisse écouter aisément sans baisse de régime sur les près de 40 minutes de lecture proposées !
• Les détails à ne pas négliger ⇒ On ne peut pas nier que cet EP a été travaillé dans les moindres détails. Penchons-nous sur quelques titres pour vous confirmer nos dires.
« Sale Chienne » : Alors qu’on pensait qu’en France, le rap était inaccessible à la gent féminine, Chilla vient de nous prouver à tous le contraire. Un morceau revendicateur dans lequel le second degré tend à prendre place de par l’énumération de clichés dont sont victimes les femmes dans le milieu. Car ces stéréotypes-ci, mieux vaut ne pas les prendre au sérieux mais il est bon de faire une piqûre de rappel quant à l’absurdité du sexisme découlant de certains commentaires au comportement misogyne.
« Aller Sans Retour » & « Je Viens de Nulle Part » : Deux titres qui se ressemblent et pourtant, ils sont si différents, c’est la magie que Chilla a su créer.
« Je Viens De Nulle Part » c’est un peu un préquel à « Aller Sans Retour », ce qui offre deux choix de lecture possible à cet l’EP. Cela nous fait penser à « DAMN » de Kendrick Lamar en nous basant sur ces deux titres précis. En effet, un coup de génie s’opère de par la composition amenant une polyvalence d’interprétations selon l’ordre de lecture du disque.
On s’explique, si vous partez de cas généraux jusqu’à une introspection pure et dure, l’idée serait de se confectionner un petit cocon qui lui soit propre avant de transiter vers un prochain projet. Celui-ci se montrera plus lumineux, mais si vous l’écoutez dans l’autre sens, vous êtes amenés de la même manière vers la suite mais en globalisant le contexte. De l’introspection, vous tendez vers une aspiration à délaisser les embûches de côté pour vous diriger vers l’inconnu jusqu’à ce que Chilla rende compte de sa position dans le rap game mais aussi jusqu’à sa position sa position de femme dans la société et l’acceptation ainsi que le respect qu’elle souhaite qu’on lui accorde à part entière pour sa détermination et ses valeurs !
« Chico » : C’est le titre le plus touchant de l’album. Il est un morceau à cœur ouvert. Chilla nous livre des passages de sa vie et de ce drame de ce proche qu’elle a accompagné dans sa maladie. On peut noter les détails poussés qui ne s’arrêtent pas au texte mais cette émotion qu’elle a réussi à nous faire passer comme si nous avons partagé sa souffrance avec elle le temps du morceau. Nous pensons notamment aux « ah » écorchés transperçant de douleur apportant une dimension des plus profondes au morceau.
• Notre conclusion ! ⇒ C’est un EP aux multiples facettes, tant par le message des textes que par la musicalité. Chilla nous offre un côté urbain mais qui peut être à la fois un journal intime et une parole libérée. Elle défend des idées et des valeurs, il est à la fois un journal intime qu’une parole libérée sur des inégalités de la vie de tous les jours.
Cette artiste nous fait du bien parce qu’elle nous prouve qu’aujourd’hui, on n’a pas besoin de venir des quartiers pour pouvoir produire un son productif. Chilla casse les codes, elle est loin de l’image grosses bagnoles, drogue et insultes pour se faire entendre et respecter. Non, elle a l’art de savoir jongler avec les mots en toute maturité et c’est bien suffisant.
Au revoir l’inaccessibilité du rap féministe. Chilla vient casser vos codes et débarque dans le game.