La malédiction des Souliers Rouges passée au peigne fin !
• Préambule ! ⇒ Ce mardi 4 février, nous étions invités à découvrir, parmi les premiers heureux spectateurs, l’une des nombreuses représentations programmées du spectacle Les Souliers Rouges. Pour ce faire, c’est aux Folies Bergères de Paris, que la troupe occupe depuis le 31 janvier, jusqu’au 19 avril prochain, que nous nous sommes donnés rendez-vous. À l’origine de cette adaptation d’un célèbre conte d’Andersen, ce sont Marc Lavoine et Fabrice Aboulker qui ont su ficeler une œuvre exceptionnelle sur laquelle nous prendrons le temps d’étayer notre avis ultérieurement au cœur de cet article. Avant d’en découvrir notre humble opinion, revenons tout d’abord sur l’histoire, mais aussi l’importance d’un casting sur mesure pour mener à bien cette expérience où chant et danse se marient habilement pour le plus grand plaisir des petits et grands.
• Le synopsis ! ⇒ L’histoire des Souliers Rouges gravite autour de l’héroïne emblématique du spectacle, Loryn Nounay, qui incarne le rôle d’Isabelle. Cette dernière, danseuse étoile émérite, cherche par tous les moyens à s’illustrer dans le prestigieux monde qu’est l’opéra afin de faire valoir son talent. Pour ce faire, elle décide de tout quitter et de rejoindre Paris, la capitale où les rêves sont permis et palpables du bout des doigts.
La jeune prodige va alors croiser le chemin de Victor, chorégraphe d’exception, interprété par Guilhem Valaye. Lui, pour sa part, est obsédé à l’idée de trouver cette danseuse qui traduira son talent en de véritables performances hors-pair sous couvert d’une quête de gloire incessante. C’est là que commence donc la malédiction des Souliers Rouges. Lorsque Isabelle se les voit remettre, elle jure fidélité à son impresario et promet de dévouer sa vie à ce noble art qu’est la danse. Victor profite de son éloquence autant que de l’innocence et de l’assiduité de la jeune femme pour se l’approprier, et lui interdire de tomber amoureuse, asseyant son charisme ainsi qu’un flegme implacablement minutieux pour la garder sous son joug.
Bien évidemment, le déroulement des événements ne manquera pas de se compliquer. Pour preuve, lorsque le personnage de Benjamin Siksou, à savoir le journaliste Ben, entre en scène, il séduit immédiatement la demoiselle qui ne résistera pas à un désir fougueux de partager une idylle avec ce dernier. Malgré tous les interdits, sauront-ils préserver leur amour; vivre cachés, et donc heureux ?
• Le casting ! ⇒ Au travers d’un communiqué de presse, Marc Lavoine et Fabrice Aboulker ont choisi d’expliquer pourquoi avoir jeté leur dévolu sur ces trois talents d’exception qui donnent vie au projet. Après avoir travaillé d’arrache-pied sur la mise en relief artistique de la pièce en deux actes, la rencontre avec Loryn Nounay, Guilhem Valaye et Benjamin Siksou a sonné comme une évidence. Ce que chaque protagoniste dégage aura permis aux deux initiateurs de confectionner une œuvre sans précédent, profitant du talent brut de chacun. « Notre rencontre […] nous a permis de créer leurs costumes « sur mesure » » confesse le duo initiateur des Souliers Rouges. « Ils ont été à la source de nos inspirations pour les tous derniers tableaux et nous avons adapté les mélodies à leurs voix, dans cet esprit de création « vivante ». »
• Une métaphore filée ! ⇒ Assister à cette représentation des Souliers Rouges nous a ouvert les yeux sur le monde qui nous entoure et nous conditionne. À proprement parler, le spectacle dépeint certes l’univers impitoyable du divertissement poussé à son paroxysme avec une soif de popularité accrue de jour en jour, mais le propos s’étend bien au-delà de ce qui nous est présenté, à notre sens. Effectivement, le coup de maître réside dans l’idée que nous puissions prendre conscience que chaque personnage représente à lui seul une métaphore selon une échelle hiérarchique sociétale. Nous nous expliquons.
Tout d’abord, nous avons Isabelle (Loryn Nounay), jeune danseuse qui désire plus que tout faire de sa passion un métier, et briller aux yeux de tous. Selon nous, la naïveté qu’elle incarne, ainsi que l’innocence ou encore la pureté d’âme, de par le fait qu’elle soit tout à fait étrangère au milieu, la pousse à tout accepter comme si elle avait quelque chose à prouver en permanence. Pour éviter de décevoir, elle renonce à une vie normale et se conforme aux désirs de son impresario.
Entre maintenant en compte le personnage de Victor (Guilhem Valaye), qui représente en quelque sorte ce patron d’entreprise aigri, un peu malintentionné, et qui pour arriver à ses fins d’encore plus de pouvoir, est prêt à ruser et à se montrer totalement déshumanisé. Par souci de toujours plus de bénéfice, ce dernier apparaît tyrannique, prêt à tuer sa douce muse sur qui il place tous ses espoirs à la tâche. D’ailleurs, il représente également la jalousie lorsque intervient Ben, tant Victor se refuse à laisser partir sa poule aux œufs d’or dans les bras d’un autre.
En ce qui concerne Ben (Benjamin Siksou), il incarne dans Les Souliers Rouges une notion d’interdit sans équivoque, le fruit défendu même. En effet, il est malgré lui l’objet de convoitises mutuelles avec Isabelle (Loryn Nounay), et ne peut soustraire à l’idée de ne pas la détourner de son but premier. Or, ce qu’il faut comprendre par ici, c’est que mener une vie purement penchée sur une directive professionnelle nous en fait oublier les petits plaisirs simples de la vie de tous les jours. Alors oui, vivre de sa passion est primordial, qui plus est lorsque cela est rendu possible, mais ne pas perdre la tête, par peur de laisser échapper son rêve le plus précieux, s’impose. Par conséquent, fonder une famille, être amoureux, sont des remèdes à la morosité et à un quotidien routinier en perdition de saveur.
• Notre avis ! ⇒ Marc Lavoine et Fabrice Aboulker ont réalisé ce qui s’apparente à nos yeux telle une magistrale tragédie musicale, comme le chanteur au répertoire truffé de succès aime à l’appeler d’ailleurs. C’est là une heure et demie de pur plaisir qui s’est offerte à nous, pleine d’émotions, de rebondissements et surtout procurant un sentiment d’appartenance vis-à-vis de chaque protagoniste. Et ce, pour les raisons que nous avons évoquées plus haut dans notre ressenti de métaphore filée.
De plus, les acteurs de ce spectacle grandiose, aussi bien que les danseurs, communient avec la scène dans les règles de l’art et s’adonnent à un rendu millimétré où rien n’est laissé au hasard, dans la perfection la plus absolue. Le casting transpire d’humanité, de talent, de professionnalisme. Les divers tableaux selon les deux actes proposent une immersion encore plus exceptionnelle, tant les décors demeurent dans la magnificence la plus distinguée. Les Souliers Rouges, c’est très certainement l’une des plus belles choses que nous ayons pu voir de notre vie. Nous sommes conquis sur tous les points, et nous ne saurons vous dire autrement que vous auriez tort de manquer cette somptueuse aventure !